mercredi 14 mars 2018

Le pouvoir


LE POUVOIR
Naomi Alderman
Edition Calmann Levy


Résumé

Et si les femmes prenaient enfin le pouvoir dans le monde entier ?
Aux quatre coins du monde, les femmes découvrent qu'elles détiennent le "pouvoir".
Du bout des doigts, elles peuvent infliger une douleur fulgurante - et même la mort.
Soudain, les hommes comprennent qu'ils deviennent le "sexe faible".
Mais jusqu'où iront les femmes pour imposer ce nouvel ordre ?


Ce que j'en pense

Le moins que l'on puisse dire est que cette sortie de début 2018 a déjà beaucoup fait parler d'elle. A mes yeux le potentiel de son sujet était indéniable et pouvait mener à un récit plus que brillant ou, au contraire si mal exploité, frôler la catastrophe. Vous le verrez, mon avis est finalement plus nuancé.

Le problème que j'ai rencontré avec cette lecture est sa lenteur. Le récit se fait à quatre voix, quatre personnages nous livrent leur histoire ; c'est un choix de narration difficile, accrocher l'intérêt d'un·e lecteurice à autant d'histoires en parallèle est un sacré défi qui, à mon sens, n'a pas été rempli ici. Dans la première partie du roman, il y a beaucoup de questionnement sur ce fameux pouvoir – comment l'obtient-on, peut-on le contrôler, etc, etc – et nos personnages placent leurs jetons en fonction des réponses qui arrivent au fur et à mesure. Il y a donc très peu d'action, le coeur de l'intrigue est mis sur la projection de nos personnages au sein d'un monde où le pouvoir serait présent et répandu. Alors en soit l'idée est bonne mais à quatre voix, c'est long. Très long. Trop long. C'est aussi frustrant parce qu'au bout de quelques pages quand tu commences à entrer dans les raisonnements de ton personnage, que tu comprends les ficelles qu'il ou elle commence à tirer, bam, personnage suivant.

L'autre point qui m'a gêné, et cette fois je ne m'en suis pas rendue compte immédiatement, c'est la similitude de la vision de nos personnages. J'ai mis un temps fou à ne plus les confondre et pourtant, leurs histoires, origines, sexe sont différents, par contre tous se rejoignent sur leur exploitation du pouvoir : en faire un moyen, coûte que coûte, d'accéder à leur volonté de .. eh bien .. de pouvoir. Que ce soit par la religion, la drogue, la politique ou les médias, tous les quatre ont exploité l'apparition du pouvoir pour atteindre les places les plus influentes de ce nouvel ordre en perdant peu à peu leur empathie et leur idéalisme de départ. Alors oui, c'est tout à fait crédible, mais j'aurais aimé davantage de diversité.

Néanmoins cette lecture n'est pas non plus une déception, il y a beaucoup de petites choses que j'ai trouvées à la fois glaçantes et réalistes (même si encore un peu de frustration d'être resté en surface pour beaucoup de ces éléments). Du viol à l'image d'homme-objet, on comprend très vite que le monde ne tourne pas plus rond avec les femmes en position de force. Il y a cette citation, assez représentative de cet univers sombre que nous brosse l'autrice :

L'un des deux demande « Pourquoi ont-ils fait ça […] ? »
Et l'autre répond : « Parce qu'ils le pouvaient. »
Et c'est la seule réponse qui sera jamais.

C'est une lecture qui a été laborieuse, presque interminable, que je ne regrette toutefois pas. C'est une sacrée expérience de lecture, qui pose des questions et ouvre à la réflexion. Je vous la conseille donc si le sujet vous intéresse.

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