vendredi 15 juillet 2016

Quand la nuit devient jour


QUAND LA NUIT DEVIENT JOUR
Sophie Jomain
Edition Pygmalion
Coup de coeur !


Résumé

"On m'a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m'enfonce une épine dans le pied, décrire l'échauffement d'une brûlure, parler des noeuds dans mon estomac quand j'ai trop mangé, de l'élancement lancinant d'une carie, mais je suis incapable d'expliquer ce qui me ronge de l'intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.
La dépression.
Ma faiblesse.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n'est en mesure de m'aider. Dieu, la science, la médecine, même l'amour des miens a échoué. Ils m'ont perdue. Sans doute depuis le début.
J'ai vingt-neuf ans, je m'appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.
Le 6 avril 2016.
Par euthanasie volontaire assistée."

Première phrase : J'ai toujours été rebutée par l'idée de me contempler dans un miroir.


Ce que j'en pense

Le besoin de lire ce livre est venu à l’instant où j’en ai découvert la thématique : l’euthanasie volontaire assistée. Ce n’est pas un sujet sur lequel je m’étais déjà spécialement penchée mais j’étais curieuse de voir la façon dont il serait traité. Mes attentes quant à ce roman étaient hautes, lorsqu’est évoqué un thème de cette importance, il se doit de l’être justement, sans virulences.

C’est une claque magistrale que je me suis prise. La formulation manque certainement d’élégance mais elle correspond très bien à mon ressenti. On rencontre Camille, elle nous livre son histoire, sans détours, tente de nous expliquer comment elle en est arrivée là. Est-ce qu’on la comprend ? Pas vraiment. Je ne pense pas qu’on le puisse tant que l’on n’a pas vécu sa situation. Qu’importe. Sa vie, on la ressent tout de même.

L’intensité du récit est impressionnante. Dans le négatif on s’en doute, mais également dans le positif, les brefs instants de bonheur présents vous éclatent en plein visage. Néanmoins de nombreux moments sont douloureux, émotionnellement difficiles ; ce n’est pas pour autant un livre triste ou déprimant, parce qu’il a y ce choix, ce choix réfléchi et argumenté. Sommes-nous égoïstes de pouvoir nous résoudre à l’accepter, comme ses parents ? Ou est-ce ce choix qui est égoïste ?

A aucun moment l’auteur nous impose un avis ou n’émet un jugement. La neutralité du texte en est sa puissance. En exposant le point de vue méconnu de celui qui souhaite mourir, l’auteur nous ouvre les yeux, nous donne la substance nécessaire à la réflexion que cette lecture entraîne inévitablement.

Ce livre mais ce livre… Il m’a broyé le cœur et m’a, paradoxalement, apporté une certaine sérénité. C’est un coup de poing, un cri, un cri du cœur, un coup de cœur.

1 commentaire:

  1. J'ai bien envie de découvrir Sophie Jomain et je pense la découvrir avec Les étoiles de Noss Head même si ce livre à l'air pas mal :)

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